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L'Allemand est décédé le 7 janvier 2024

Beckenbauer, histoire du XXe siècle

Beckenbauer, histoire du XXe siècle

Probable meilleur joueur allemand de l'Histoire malgré une grosse concurrence, Franz Beckenbauer vient de s'éteindre en ce début d'année. Retour sur une carrière immense de joueur, d'entraîneur et de dirigeant, qui recouvre plus d'un demi siècle.

Roi au Bayern...


Né quelques semaines après la fin de la deuxième guerre mondiale, le jeune Beckenbauer est fan du Munich 1860 mais c'est dans l'autre club de sa ville natale qu'il passera l'essentiel de son temps, le Bayern. Lorsqu'il débute en professionnel à même pas 19 ans, un an après la création de la Bundesliga et un an avant que son club n'accède à l'élite, il joue ailier gauche. Il glane trois championnats sous le maillot bavarois en 13 saisons, plus un en 1982 avec Hambourg. Entre-temps, il traverse l'Atlantique et joue au Cosmos New York où il remporte trois titres, le premier aux côtés de Pelé. Mais c'est bien avec le Bayern que son nom restera associé. Il aura porté son maillot à 567 reprises, pour 72 buts, dont 396 en Bundesliga, ainsi que 71 rencontres européennes, pour 6 buts, dont 40 en C1. La prestigieuse compétition européenne est également marquée de son empreinte, avec trois victoires consécutives (74, 75 et 76, contre Saint-Etienne, 1-0). 

Avec son club formateur, il descend vite au milieu de terrain, puis au poste de libero qu'il révolutionnera. Reculé derrière les centraux, il les couvre, puis relance le jeu de façon intelligente et élégante, n'hésitant pas à monter jusqu'à la surface adverse et de faire parler sa très grosse frappe de balle, ce qui lui permettra d'inscrire 110 buts durant toute sa carrière, et d'adresser 120 passes décisives. Il remporte également une Coupe des Coupes (1967), deux super coupes de l'UEFA (75, 76), une coupe intercontinentale (1976) et quatre coupes d'Allemagne.

… Kaizer d'Allemagne


Mais sur les photos les plus marquantes de sa carrière, il porte le maillot allemand. Sélectionné quelques jours après son 20e anniversaire, en septembre 1965, alors que son club vient à peine d'accéder à l'élite, il dispute quelques mois plus tard sa première Coupe du Monde. Positionné au milieu, il inscrit deux buts dès son premier match face à la Suisse (5-0), puis un autre en quarts de finale contre l'Uruguay (4-0), et un autre en demi-finales contre l'URSS (2-1) mais ne pourra rien en finale face au pays organisateur anglais de Bobby Charlton, grâce notamment à un arbitrage à domicile (2-4 a.p.). Quatre ans plus tard au Mexique, Beckenbauer, passé en défense, est à nouveau un des grands artisans du bon parcours de la Mannschaft, qui atteindra la troisième place. Après avoir pris sa revanche face aux Anglais lors d'un quart de finale légendaire où les tenants du titre auront mené de deux buts, mis à mal notamment par la réduction du score de Beckenbauer (3-2), la RFA échouera en demi-finales lors d'un des plus grands matchs de l'Histoire du football. Menés dès la 8e minute, les Allemands arracheront in extremis une prolongation qui deviendra folle, avec 5 buts, dont trois pour les Italiens (3-4 a.p.) qui iront défier le Brésil en finale, et un Beckenbauer qui se cassera la clavicule mais restera sur le terrain pendant plus de 50 minutes, bras en écharpe.

Mais le meilleur est à venir pour le Kaizer, qui disputera trois finales internationales consécutives, dont deux victorieuses. La RFA remporte d'abord l'Euro 1972, à Bruxelles face à l'URSS (3-0), ce qui vaudra à son nouveau capitaine un premier Ballon d'Or la même année. Puis elle gagne une deuxième Coupe du Monde, vingt ans après la première, à domicile, en finale face aux grands favoris néerlandais du double Ballon d'Or Johan Cruyff. Libero très offensif, Beckenbauer sécurise et organise l'ensemble du jeu allemand, de la défense à l'attaque. Omniprésent derrière le Bomber Gerd Müller, et malgré une défaite très symbolique en poule face à la RDA (0-1), il remporte aisément la deuxième poule avant la finale. Cruyff muselé par Berti Vogts, la Mannschaft l'emporte (2-1) mais Beckenbauer verra à nouveau le génial ailier néerlandais remporter la Ballon d'Or. Ce qui ne sera pas le cas en 1976, après que la RFA, privée d'un Müller retraité, ait pourtant perdu la finale de l'Euro 1976 face à la Tchécoslovaquie de Panenka (2-2, 3-5). Ce sera la dernière grande compétition du Kaizer avec sa sélection, qu'il quittera moins d'un an plus tard, avant son premier départ aux Etats-Unis à 31 ans, et dont il aura porté le maillot à 104 reprises, pour 14 buts.

Entraîneur, puis dirigeant


Après son deuxième passage au Cosmos New York en 1983, entrecoupé d'un passage victorieux à Hambourg (1980-82), Beckenbauer prend sa retraite, à 38 ans. Il succède un an plus tard en tant que sélectionneur à Jupp Derwall, incapable de franchir les poules de l'Euro 84 avec la RFA. Il envoie aussitôt la Mannschaft en finale de la Coupe du Monde 1986, perdue face à l'Argentine de Maradona (2-3), mais échoue en demi-finales de l'Euro 1988, disputé à domicile, face à des Néerlandais revanchards (1-2). Mais lors de la Coupe du Monde 1990, à Rome, Franz Beckenbauer rejoint Mario Zagallo en remportant le tournoi comme sélectionneur, après l'avoir fait comme joueur. Seul Didier Deschamps y parviendra par la suite. Face à nouveau aux Argentins de Maradona, un penalty de Brehme suffit pour offrir son troisième trophée mondial à la nouvelle Allemagne (1-0). Au total, il aura remporté 52 % des matchs qu'il aura dirigé avec la sélection, contre 18 % de défaites, mais seulement 3 de 1987 à 1990. Cette dynamique de victoires vaut à Gary Lineker, adversaire de la Mannschaft en demi-finale du Mondial 90 sa célèbre phrase : "Le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne."

Quelques semaines après ce succès historique, le Kaizer fait le choix de rejoindre l' Olympique de Marseille de Bernard Tapie. Il ne restera que 4 mois et partira le 1er janvier suivant, alors que l'OM, malgré quelques défaites, est leader du championnat et toujours en course d'une C1 dont il atteindra la finale, mais où l'Allemand ne se sent pas à l'aise. Il devient ensuite vice-président de son club de cœur, le Bayern, qu'il dirigera à deux reprises en cours de saison pour remporter le titre en 1993-94, puis pour quelques matchs en 96, juste le temps de remporter la Coupe de l'UEFA face au Bordeaux de Zidane (2-0, 3-1). Mais c'est en tant que président d'honneur du Bayern, qui a remporté tous les titres de champion depuis 2013, qu'il nous aura quitté ce week-end, à 78 ans. Avec lui, c'est une partie de l'Histoire du football du XXe siècle qui disparaît.
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