Gyökeres, le nouveau cyborg

Déjà au sommet

Après un peu plus de deux mois de compétition en 2024, on retrouve déjà quelques habitués du classement mondial des buteurs, et notamment Kylian Mbappé (13), tandis que Harry Kane (8) ou Erling Haaland (9) sont à l'affut pour y retrouver leurs places habituelles. Mais pour l'instant les deux premières places sont occupées par deux relatifs inconnus. Il y a d'abord le buteur uruguayen du Sporting Cristal, au Pérou, Martin Cauteruccio (36 ans), qui n'avait jamais dépassé les 16 buts sur une saison jusque là et qui en est déjà à 17 depuis le mois de janvier, avec notamment quatre triplés, dont un en Copa Libertadores contre les Boliviens d'Always Ready (3-1). L'autre a vu son nom soudainement émerger depuis l'été dernier, et son transfert de Coventry au Sporting Lisbonne. Son nom : Viktor Gyökeres.

Echec à Brighton, révélation à Coventry

L'attaquant suédois, d'origine hongroise, avait déjà signé dans les Midlands une saison 2022-23 remarquable. Nommé dans l'équipe type de la saison en Championship grâce à ses 21 buts (deuxième total du championnat) et ses 10 passes décisives, il parvient à qualifier Coventry pour les premiers barrages du club depuis leur descente de Premier League en 2001, avec une défaite en finale à Wembley contre Luton Town (1-1, 5-6). L'année précédente, il avait également signé une excellente saison (17 buts, 4 passes décisives). Mais à 25 ans, sa révélation au niveau européen demeure tardive. Recruté par Brighton après des débuts prometteurs à 19 ans dans son club formateur de Brommapojkarna (10 buts en 2017), il n'évolue qu'en réserve. Prêté successivement à St Pauli (26 matchs, 7 buts) puis à Swansea (11 matches), il ne parviendra jamais à confirmer son potentiel avant, enfin, d'exploser sous les ordres de Mark Robins à Coventry.

Le Roi Lion

Le profil de Gyökeres finit par intéresser le Sporting Portugal, qui casse sa tirelire l'été dernier pour le natif de Stockholm, qui devient le plus gros transfert de l'histoire des Leoes (21 millions d'euros). L'international suédois (19 capes, 5 buts dont un en Belgique en octobre dernier, 1-1) ne perd pas de temps : il signe un doublé contre Vizela  (3-2). Il marque par la suite un triplé contre Farense, en Alianz Cup (4-2) et des buts à Benfica (1-2) et lors de la victoire contre Porto, avant la trêve (2-0). Depuis les fêtes, il est déchainé : 14 buts en 14 matchs dont 7 en championnat, 2 en Europa League contre les Young Boys (3-1, 1-1) et 5 en Coupe du Portugal, dont un, sublime, contre Benfica (2-1). Un but dans son style caractéristique : lancé en profondeur, il impose sa puissance et sa vitesse face à Otamendi avant de repiquer et tromper Trubin du gauche (54e). Attaquant moderne, rapide et complet, comparé à Haaland alors que c'est son aîné, et auteur de 34 buts toutes compétitions confondues cette saison, le co-meilleur buteur du championnat (à égalité avec Simon Banza, 18 buts) se montre très difficile à maîtriser et la qualité de sa frappe fait merveille. Tout comme son intelligence de jeu (8 passes décisives, dont 3 face à Estoril en janvier, 5-1), qui participent à la première place de son club en championnat, avec un petit point d'avance sur Benfica, ainsi qu'un match en retard.

Et après ?

Evidemment, avec de tels performances, son prix a quintuplé, et ses prétendants devront sans doute débourser un chèque à neuf chiffres pour l'attirer dans leurs filets. Parmi eux, on parle du PSG, évidemment déjà à la recherche d'un successeur à Kylian Mbappé, en partance en fin de saison. Mais les Parisiens devront faire face à une grosse concurrence, notamment Chelsea et Arsenal. Un regret : on ne le verra pas à l'Euro, la Suède ayant échoué à se qualifier. C'est sans doute partie remise.