La CAN des talents

Compte tenu de son statut notamment de pays organisateur, difficile de ne pas faire de la Côte d'Ivoire un favori de cette CAN. Certes, les Eléphants n'en ont remporté que deux, la dernière en 2015, date également de sa dernière finale, et ont raté les deux dernières éditions de la Coupe du Monde. Mais Jean-Louis Gasset pourra compter sur des joueurs de haut niveau comme Willy Boly et Serge Aurier (Nottingham Forrest), Evan Ndicka (AS Rome), Seko Fofana (Al Nassr), Franck Kessié (Al Ahli) et les attaquants Sébastien Haller (Dortmund) et la révélation de Brighton, Simon Adingra. 

Après trois éditions sans atteindre le dernier carré, la Côte d'Ivoire devra ferrailler avec un autre favori, le Nigeria. Hormis sa demi-finale en 2019 et depuis son succès en 2013, l'équipe des Green Eagles a certes raté celles de 2015 et 2017, et échoué en huitièmes en 2022, et devra faire sans Victor Boniface (Leverkusen), blessé juste avant la compétition. Mais attention à son remplaçant, le Niçois Terem Moffi, et à plusieurs joueurs évoluant en Angleterre, notamment Iwobi ou Iheanacho, ou en Italie comme les attaquants Lookman, Chukwueze et bien sûr la star de Naples, Victor Osimhen. Bon courage aux deux Guinées, l'Equatoriale, demi-finaliste tout de même en 2015 et quart de finaliste en 2022, et la Bissau de Mama Baldé (Lyon), qui n'a jamais passé un premier tour, pour se qualifier dans ce groupe.

Recordman des victoires en Coupe d'Afrique (7), l'Egypte de Mohamed Salah n'a cependant plus remporté le trophée depuis son troisième succès consécutif en 2010, malgré deux finales en 2017 et 2022. Toujours à la recherche d'une performance en Coupe du Monde après avoir raté la dernière, les Pharaons, comme souvent, seront composés de joueurs évoluant en majorité dans leur championnat, peu connus du grand public. Malgré, tout, en plus de la star de Liverpool, y figureront Mohamed El Neny (Arsenal), Mostafa Mohamed (Nantes) et Omar Marmoush (Francfort). 

Un manque d'individualités compensé par un collectif fort, qui devrait suffire pour sortir de ce groupe, probablement en compagnie du Ghana des éternels frères Ayew, du Lyonnais Nuamah ou d'Inaki Williams (Bilbao), 4 CAN au compteur, la dernière en 1982, et 5 finales, la dernière en 2015. A moins que le Cap Vert de Jovane Cabral (Salernitana), quart de finaliste en 2013 et huitièmes de finaliste en 2022, ne confirme son émergence. Quant à son cousin lusophone, le Mozambique, qui n'a jamais passé le premier tour et qui retrouve la CAN après 6 échecs consécutifs, une qualification serait la grosse cote, malgré la présence de Reinildo (Atletico).

Un des groupes les plus relevés du tournoi, dans lequel le Sénégal retrouvera le Cameroun, qui l'avait battu en quarts en 1992 (0-1), en finale en 2002 (0-0, 2-3) et encore en quarts en 2017 (0-0, 4-5 tab). Huitièmes de finaliste du dernier mondial, les hommes d'Aliou Cissé, qui disputera sa quatrième CAN comme entraîneur depuis 2015, sont surtout les tenants du titre après leur victoire en 2022 contre l'Egypte (0-0, 4-2), après leur défaite en finale deux ans plus tôt contre l'Algérie (0-1). Un premier titre qui en appelle d'autres pour les partenaires de Sadio Mané, aujourd'hui à Al Nassr, notamment Kalidou Koulibaly (Al Hilal) ou Nicolas Jackson (Chelsea). 

Evidemment, sa bête noire camerounaise, quintuple vainqueur du trophée, le dernier en 2017, sera un rude adversaire. Les Lions indomptables de Rigobert Song pourront s'appuyer sur leur gardien, André Onana (Man U), mais aussi sur Franck Zambo Anguissa (Naples), Karl Toko Ekambi (Abha) et l'éternel Vincent Aboubakar (Besiktas). Attention également à la Guinée de Kaba Diawara, sur le banc, et de Naby Keita (Werder), Ilaix Moriba (Leipzig) et surtout Serhou Guirassy, deuxième buteur de Bundesliga avec 17 buts avec Stuttgart, et qui reste sur deux huitièmes en 2019 et 2022. La Gambie, qui reste elle sur un quart en 2022, cherchera à renouveler cet exploit.

La Tunisie et le Mali semblent sortir du lot dans ce groupe. Vainqueur en 2004, la Tunisie a depuis atteint 6 fois les quarts et une fois les demi-finales en 2019, et peut toujours compter sur de nombreux joueurs « européens » tels que Anis Ben Slimane (Sheffield), Ellyes Skhiri (Francfort), tandis que les stars offensives Youssef Msakni et Naïm Sliti, elles, évoluent au Qatar. Le Mali, lui, n'a encore jamais gagné la CAN et n'a atteint sa dernière finale qu'en 1972. Mais il a rejoint quatre fois le dernier carré depuis 2002, et les huitièmes lors des deux dernières éditions, et des joueurs tels que Hamari Traoré (Real Sociedad), Amadou Haidara (Leipzig), Yves Bissouma (Tottenham) ou Mohamed Camara (Monaco) peuvent lui permettre de rééditer cette performance. 

Quant à l'Afrique du Sud, qui a raté les trois dernières Coupes du Monde, n'a passé qu'une fois la phase des poules en Coupe d'Afrique, en 2019, et raté quatre des sept dernières éditions, elle semble loin de ses prédécesseurs vainqueurs en 1996, finalistes en 1998 et demi-finalistes en 2000. D'ailleurs, aucun joueur sélectionné pour cette CAN n'évolue dans un grand championnat européen, et aucun ne dépasse les 42 sélections. Pas sûr qu'ils ne terrorisent même leurs cousins namibiens, dont c'est la quatrième participation seulement, sans jamais avoir gagné un match.

Premier demi-finaliste africain en Coupe du Monde en 2022, le Maroc fait figure de favori de cette CAN. Un an après son exploit au Qatar, les Lions de l'Atlas, dont la seule victoire dans la compétition commence à dater (1976), espère renouer avec le succès après deux quarts de finale en 2017 et 2022, et un huitième en 2019. La dernière performance du Maroc en Coupe d'Afrique remonte à sa finale en 2004, perdue contre la Tunisie de Roger Lemerre (1-2). Mais la présence de Yassine Bounou dans les cages, d'Achraf Hakimi (PSG) et Nayef Aguerd (West Ham) en défense, de Sofyan Amrabat (Man U), Azzedine Ounahi et Amine Harit (Marseille) au milieu et d'Hakim Ziyech (Galatasaray) et Youssef En-Nesyri (Séville) en attaque, devrait garantir au Maroc une qualification aisée. 

Seule la RD Congo, demi-finaliste en 2015 et menée par le Marseillais Chancel Mbemba et les attaquants Yoane Wissa (Brenford) ou Simon Banza (Braga), meilleur buteur du championnat portugais (14), semble capable de contrecarrer les plans du Maroc. Plus en tous cas que la Zambie de Patson Daka (Leicester), qui a raté les trois dernières CAN et dont le titre de 2012 semble très loin, et la Tanzanie de Mbwana Samatta (Genk), qui ne dispute que sa troisième CAN, et qui attend toujours sa première victoire dans la compétition.