Bordeaux au bord du gouffre : 70 ans d'exploits
Le cauchemar continue pour le grand club bordelais, sextuple champion de France, qui ne devrait plus faire partie du monde professionnel français la saison prochaine. Une descente aux enfers après des décennies de succès.
Ce n'est pas encore tout à fait la fin, mais ça y ressemble. Même si le président bordelais Gérard Lopez a décidé de contester cette décision, il semblerait bien que, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, le football bordelais ne sera pas représenté dans une des deux divisions professionnelles françaises, suite à la confirmation de la décision de la DNCG, ce mardi, de reléguer le sextuple champion de France en National 1. Un coup de tonnerre pour tout le football français.
Ce dernier n'en est pourtant pas à son premier monument en péril. D'ailleurs, tout comme l'OM ou Saint-Etienne en leur temps, les Girondins n'en sont pas à leur première descente administrative. En 1991, au sortir de sa meilleure décennie qui l'a vu remporter trois titres de champion, deux coupes de France et disputer un quart et une demi-finale de C1, le club dirigé par Claude Bez était relégué en D2 pour raisons financières, déjà. Une division que n'avait plus connu le club girondin depuis presque trente ans. Trente-et-un ans plus tard, nouvelle descente, cette fois sportive, après une saison 2021/2022 catastrophique terminée à la dernière place, et la pire défense d'Europe (91 buts), doublée d'une autre relégation, administrative cette fois. La fin du club ?
Après diverses tentatives de fusions entre différents clubs locaux avant et pendant la guerre, les Girondins de Bordeaux débutent au sein de l'élite en 1945, après avoir remporté leur première Coupe de France en 1941. Après une première descente en 1947, ils reviennent en 1949 et réussisent l'exploit d'être sacrés champions de France en tant que promu en 1950. Les premiers grands joueurs du club se nomment Kargu, Gallice ou le buteur néerlandais De Harder. Un début de décennie faste avec six saisons consécutives passées dans le top six, ainsi qu'une nouvelle finale de Coupe en 1952, avant une nouvelle descente en 1956.
Après une période compliquée, Bordeaux se stabilise enfin dans l'élite dans les années 60. Pas de titre à l'horizon, malgré trois nouvelles finales de Coupe de France, mais sept places dans le top cinq entre 1962 et 1971. Sous la direction notamment de l'Espagnol Salvador Artigas, le portier Montes, les défenseurs Calleja et Chorda, le milieu Guillas ou les buteurs Couécou, Robuschi et De Bourgoing brillent dans l'antique Parc Lescure, futur Stade Chaban-Delmas. Les années 70 seront moins fastueuses, malgré l'éclosion du jeune Alain Giresse, fidèle au club durant 16 ans (592 matches et 179 buts sous le maillot au scapulaire, rien qu'en championnat) avant l'arrivée de Claude Bez en 1978, ancien trésorier du club, et celle en 1980 d'un certain Aimé Jacquet, sur le banc.
Sous leur direction, et avec des internationaux sur le terrain tels que Giresse, donc, mais aussi Girard, Trésor, Lacombe, Ferreri, Tigana, Dropsy, Battiston, José Touré, ou encore les jumeaux yougoslaves Vujovic ou le buteur allemand Dieter Müller, Bordeaux est le club dominant des années 80, après les faillites sportives de Marseille et Saint-Etienne, et se retrouve à la lutte avec le FC Nantes et le tout jeune PSG en tête du classement. Les Marine et Blanc devront cependant laisser leur place au renaissant Marseille de Bernard Tapie à la fin des années 80, et repartir avec des jeunes suite à la descente de 1991.
Parmi ces jeunes, qui disputeront notamment une finale de C3 en 1996 contre le Bayern Munich (0-2, 1-3), épopée marquée par l'élimination légendaire du grand Milan AC (0-2, 3-0), figurent trois futurs champions du monde 1998, deux formés au club (Lizarazu et Dugarry) et un jeune meneur de jeu venu de l'AS Cannes, Zinedine Zidane. En 1999, c'est pourtant avec des cadres comme Ramé, Alicarte, Pavon, Benarbia, Micoud, Wiltord et Laslandes que les Girondins retrouvent la première place, après un duel dantesque avec le Marseille de Roland Courbis, de Robert Pirès et de... Dugarry. Puis, dix ans plus tard, leurs successeurs en tête du championnat, se nommeront Ramé, indéboulonnable dans ses cages, Diawara, Planus, le génial Gourcuff, et les buteurs Cavenaghi et Chamakh. En 2022, Bordeaux compte le deuxième plus grand nombre de matches dans l'élite (2544), le troisième total de buts inscrits (3757) et le sixième palmarès de France, tous trophées confondus.
Depuis ce dernier titre, ils n'ont connu qu'une cinquième place, en 2012, et n'ont plus connu que le bas du tableau depuis 2018. Est-ce la malédiction des nouveaux stades français, qui a frappé notamment Valenciennes ou le Mans ces dernières décennies ? Dans le Matmut Atlantique, inauguré en mai 2015, le club au scapulaire n'a connu qu'un pourcentage de victoires de 37,5 % en championnat. Suivra-t-il les exemples de Reims, Strasbourg ou Bastia, monuments français revenus plus ou moins rapidement des tréfonds du football amateur ? Retrouveront-ils les hauteurs que les années 60, 80 et 2000 leurs ont offert ? Survivre à cet été cauchemardesque est pour l'heure leur premier objectif.
1991, en pire
Ce dernier n'en est pourtant pas à son premier monument en péril. D'ailleurs, tout comme l'OM ou Saint-Etienne en leur temps, les Girondins n'en sont pas à leur première descente administrative. En 1991, au sortir de sa meilleure décennie qui l'a vu remporter trois titres de champion, deux coupes de France et disputer un quart et une demi-finale de C1, le club dirigé par Claude Bez était relégué en D2 pour raisons financières, déjà. Une division que n'avait plus connu le club girondin depuis presque trente ans. Trente-et-un ans plus tard, nouvelle descente, cette fois sportive, après une saison 2021/2022 catastrophique terminée à la dernière place, et la pire défense d'Europe (91 buts), doublée d'une autre relégation, administrative cette fois. La fin du club ?
Les années 50, naissance du mythe
Après diverses tentatives de fusions entre différents clubs locaux avant et pendant la guerre, les Girondins de Bordeaux débutent au sein de l'élite en 1945, après avoir remporté leur première Coupe de France en 1941. Après une première descente en 1947, ils reviennent en 1949 et réussisent l'exploit d'être sacrés champions de France en tant que promu en 1950. Les premiers grands joueurs du club se nomment Kargu, Gallice ou le buteur néerlandais De Harder. Un début de décennie faste avec six saisons consécutives passées dans le top six, ainsi qu'une nouvelle finale de Coupe en 1952, avant une nouvelle descente en 1956.
Les années Giresse
Après une période compliquée, Bordeaux se stabilise enfin dans l'élite dans les années 60. Pas de titre à l'horizon, malgré trois nouvelles finales de Coupe de France, mais sept places dans le top cinq entre 1962 et 1971. Sous la direction notamment de l'Espagnol Salvador Artigas, le portier Montes, les défenseurs Calleja et Chorda, le milieu Guillas ou les buteurs Couécou, Robuschi et De Bourgoing brillent dans l'antique Parc Lescure, futur Stade Chaban-Delmas. Les années 70 seront moins fastueuses, malgré l'éclosion du jeune Alain Giresse, fidèle au club durant 16 ans (592 matches et 179 buts sous le maillot au scapulaire, rien qu'en championnat) avant l'arrivée de Claude Bez en 1978, ancien trésorier du club, et celle en 1980 d'un certain Aimé Jacquet, sur le banc.
Sous leur direction, et avec des internationaux sur le terrain tels que Giresse, donc, mais aussi Girard, Trésor, Lacombe, Ferreri, Tigana, Dropsy, Battiston, José Touré, ou encore les jumeaux yougoslaves Vujovic ou le buteur allemand Dieter Müller, Bordeaux est le club dominant des années 80, après les faillites sportives de Marseille et Saint-Etienne, et se retrouve à la lutte avec le FC Nantes et le tout jeune PSG en tête du classement. Les Marine et Blanc devront cependant laisser leur place au renaissant Marseille de Bernard Tapie à la fin des années 80, et repartir avec des jeunes suite à la descente de 1991.
Zidane puis Gourcuff pour les derniers feux
Parmi ces jeunes, qui disputeront notamment une finale de C3 en 1996 contre le Bayern Munich (0-2, 1-3), épopée marquée par l'élimination légendaire du grand Milan AC (0-2, 3-0), figurent trois futurs champions du monde 1998, deux formés au club (Lizarazu et Dugarry) et un jeune meneur de jeu venu de l'AS Cannes, Zinedine Zidane. En 1999, c'est pourtant avec des cadres comme Ramé, Alicarte, Pavon, Benarbia, Micoud, Wiltord et Laslandes que les Girondins retrouvent la première place, après un duel dantesque avec le Marseille de Roland Courbis, de Robert Pirès et de... Dugarry. Puis, dix ans plus tard, leurs successeurs en tête du championnat, se nommeront Ramé, indéboulonnable dans ses cages, Diawara, Planus, le génial Gourcuff, et les buteurs Cavenaghi et Chamakh. En 2022, Bordeaux compte le deuxième plus grand nombre de matches dans l'élite (2544), le troisième total de buts inscrits (3757) et le sixième palmarès de France, tous trophées confondus.
Un stade puis le néant
Depuis ce dernier titre, ils n'ont connu qu'une cinquième place, en 2012, et n'ont plus connu que le bas du tableau depuis 2018. Est-ce la malédiction des nouveaux stades français, qui a frappé notamment Valenciennes ou le Mans ces dernières décennies ? Dans le Matmut Atlantique, inauguré en mai 2015, le club au scapulaire n'a connu qu'un pourcentage de victoires de 37,5 % en championnat. Suivra-t-il les exemples de Reims, Strasbourg ou Bastia, monuments français revenus plus ou moins rapidement des tréfonds du football amateur ? Retrouveront-ils les hauteurs que les années 60, 80 et 2000 leurs ont offert ? Survivre à cet été cauchemardesque est pour l'heure leur premier objectif.