Vous avez visité 35 page(s) aujourd'hui. Il vous reste 15 page(s) à voir en tant que visiteur libre. Si vous souhaitez accéder à plus de pages aujourd'hui, vous pouvez vous inscrire gratuitement.

Équipe de France : Un simple trou d'air ?

Équipe de France : Un simple trou d\

Battue par la Croatie et déjà éliminée dans la course au Final Four, la France inquiète par ses résultats. Mais une telle séquence est-elle si rare ?

La chute est rude. Huit mois seulement après avoir arraché avec les dents la deuxième édition de la Ligue des Nations à la Belgique puis l'Espagne lors du final four italien (3-2 puis 2-1), en octobre dernier, la France a dû dire adieu à ce nouveau trophée dès le quatrième match de poule, et laissera la Croatie, son vainqueur du soir (0-1), le Danemark ou l'Autriche lui voler la vedette face aux meilleures nations européennes. Dire que les Bleus avaient hérité d'un tirage à leur portée de tenant du titre et champion du monde tiendrait de la litote, quand on voit l'Allemagne se débattre avec les deux finalistes du dernier Euro : l'Italie et l'Angleterre, l'Espagne avec son voisin portugais ou les Pays-Bas avec la Belgique, deux duels géopolitiques de haute volée. Même si le Danemark, heureuse surprise du dernier championnat d'Europe et qui a gagné neuf matches sur dix lors des éliminatoires du Mondial, perdant le dernier en charentaises en Ecosse (0-2), et la Croatie, vice championne du monde, n'étaient évidemment pas des adversaires à négliger, une équipe de France en pleine possession de ses moyens, sans absents et avec une motivation à la hauteur avait largement les moyens de remporter cette poule avant son terme. C'est exactement l'inverse qui s'est passé.

Des équipes très remaniées


Minée par les absences sur blessure (Varane, Pogba, Kanté...), la France, très rajeunie, n'a pas pu compter sur toutes ses armes pour relever ce relatif challenge. À l'image de ce dernier match contre la Croatie, qui a enfin réussi à battre la France au bout de sa dixième tentative (0-1), après trois nuls et six défaites. Didier Deschamps n'a pu aligner contre la sélection au damier que deux champions du monde en titre au coup d'envoi, à savoir les Parisiens, Kimpembe et Mbappé. L'équipe de départ tournait à 25,3 sélections de moyenne avec dans ses rangs les seuls Mbappé (56) et Benzema (96) dépassant les cinquante capes, et comptait pas moins de six joueurs avouant dix sélections ou moins. Malgré toute la qualité qu'on ne peut nier à des joueurs comme Maignan, Konaté, Kamara ou Nkunku, on était à des kilomètres de l'équipe qui avait triomphé de cette même Croatie quatre ans plus tôt à Moscou (4-2). L'adversaire comptait certes également que deux joueurs présents ce jour là, à savoir Brozovic et l'éternel Luka Modric, buteur sur penalty hier à Saint-Denis. Mais la moyenne de sélections des hommes de Dalic au coup d'envoi émargeait, elle, à 38, même si les 151 unités du génie du Real Madrid, qui doit adorer le Stade de France depuis sa dernière victoire en C1 contre Liverpool (1-0), font singulièrement grimper ce chiffre à elles toutes seules.

Par ailleurs, toutes les équipes ont été logées à cette enseigne, notamment les favoris avec des joueurs cumulant souvent plus de 50 matches durant la saison (53 pour Benzema, par exemple), ce qui explique les très grosses difficultés du Portugal, ou bien de l'Allemagne et l'Angleterre, respectivement trois nuls et deux nuls et une défaite au compteur dans un groupe il est vrai très relevé, ou encore de la Belgique dans le groupe 4. Les joueurs, éreintés par des saisons littéralement interminables, sont à bout. Quant aux sélectionneurs, soucieux à la fois de la santé de leurs troupes et de la nécessité de faire des essais à quelques mois d'un Mondial aux enjeux autrement plus élevés, ils ont tous géré cette Ligue des Nations comme une suite de matches amicaux, en faisant largement tourner leurs effectifs. Ce qui n'a pas été le cas de certaines nations moins cotées mais qui y ont vu là l'opportunité de prendre de la confiance face à des gros affaiblis, comme le Danemark ou l'Autriche dans notre groupe, mais aussi la Suisse (1-0), qui a battu le Portugal, ou la Hongrie, victorieuse de l'Angleterre (1-0) et qui a tenu en échec l'Allemagne (1-1). Des circonstances particulières qui relativisent quelque peu les résultats étonnants de cette phase de poule.

Pas une première sous Deschamps


Cependant, même s'il ne faut pas croire que tout a été rose depuis dix ans sous l'égide de l'ancien de la Juventus, il faut admettre qu'une telle séquence négative est un petit événement dans la décennie Deschamps qui vient de se terminer, lui qui avait succédé à Laurent Blanc après l'Euro 2012. Certes, ses équipes de France ne se sont jamais montrées particulièrement invincibles, puisqu'il s'agit de la vingtième défaite des Bleus en 130 matchs sous son mandat, soit plus de 15 %, contre 5,66 pour Aimé Jacquet, ou 14,81 pour son prédécesseur, par exemple. La France compte deux défaites cette année, ce qui pour l'instant est dans la moyenne sous Deschamps... sauf qu'il reste encore deux matches à jouer dans cette poule - sans véritable enjeu sauf si on considère qu'il faudrait penser à ne pas descendre en deuxième division européenne, ce qui serait une petite humiliation pour le football tricolore - ainsi qu'une Coupe du Monde, ce qui risque de faire grimper le chiffre de défaites.

Pour retrouver la trace d'un tel trou d'air en terme de résultats, il ne faut pas remonter bien loin finalement : l'an passé, entre la victoire inaugurale contre l'Allemagne à l'Euro (1-0) et un succès contre la Finlande quelques mois plus tard en éliminatoires du Mondial (2-0), la France avait signé une série de cinq matches nuls consécutifs, dont celui de triste mémoire, perdu aux tirs aux buts contre la Suisse à l'Euro, mais compté quand même statistiquement comme un nul (3-3, 4-5 tab). Cinq matches contre la Hongrie (1-1), le Portugal (2-2), la Suisse, donc, puis la Bosnie (1-1) et en Ukraine (1-1) lors de ces fameux éliminatoires. Pas de véritable défaite au compteur, mais une série qui avait commencé à inquiéter à l'époque également, ce qui n'avait pas empêché les Bleus de remporter la Ligue des Nations précédente dans la foulée. Des inquiétudes notamment parce que pour retrouver une telle séquence de quatre matches équivalents, il faut remonter à début 2015. La France, qualifiée d'office pour l'Euro en tant que pays organisateur, ne disputait que des matches amicaux et cette mauvaise série avait commencé par deux défaites à domicile face au Brésil (1-3) puis la Belgique (3-4), avec entre les deux un succès contre le Danemark (2-0), et enfin un échec en Albanie (1-0), le seul subit face aux Aigles pour la France. S'était ensuivi une série de cinq victoires consécutives pour les Bleus, notamment au Portugal (0-1) ou contre l'Allemagne (2-0), avant d'atteindre la finale de leur Euro, ce qui peut contribuer à redonner espoir au peuple français en vue du prochain Mondial.

Et maintenant, le rebond ?


Deux ans plus tôt, en 2013, un an après la prise en main de Didier Deschamps, on avait également noté une première période compliquée, avec tout d'abord deux défaites à Saint-Denis contre l'Allemagne, en amical, puis l'Espagne, lors des éliminatoires du Mondial 2014, sur le même score (1-2), avec là encore entre les deux un succès contre la Géorgie (3-1), puis deux autres défaites lors de la tournée en Amérique du Sud des Bleus, battus par l'Uruguay (0-1) puis le Brésil (0-3), avant un nul en amical en Belgique (0-0) et un autre durant ces mêmes éliminatoires, en Géorgie (0-0). Il avait fallu attendre un déplacement au Bélarus pour retrouver trace d'un succès (2-4). Quelques semaines plus tard, avec cette équipe, la France se qualifiait pour le Mondial lors des fameux barrages contre l'Ukraine (0-2, 3-0) et atteignait les quarts de finale de la compétition, au Brésil. Comme quoi, il faut parfois savoir toucher le fond pour remonter à la surface. Et n'oublions pas que cette équipe n'est jamais aussi forte que quand l'altitude s'élève.
tagsDidier Deschamps, Equipe de France, Karim Benzema, Kylian Mbappé, Croatie, Nations League, Coupe du Monde

Commentaires

Connectez-vous pour ajouter votre commentaire
Retour en haut