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L'ancien Marseillais a choisit les Tigres pour se relancer.

Thauvin, le challenge mexicain

Thauvin, le challenge mexicain

Après presque huit ans passés à Marseille, Florien Thauvin va rejoindre André-Pierre Gignac au Mexique. Bon ou mauvais choix ?

L'annonce du départ de Florian Thauvin aux Tigres de Monterrey, après sept saisons et demie passées à Marseille, aura beaucoup fait parler ces dernières semaines, et rarement en bien. L'ancien Grenoblois, auteur de 86 buts en 281 matches toutes compétitions confondues sous le maillot marseillais, n'aura certes pas contribué à ramener le moindre trophée sur la Canebière depuis son arrivée en provenance de Bastia en 2013, mais il est champion du monde, en titre qui plus est, même si son temps de jeu en Russie s'était résumé aux toutes dernières minutes du huitième de finale victorieux de la France face à l'Argentine (4-3). Et son départ pour une destination autre qu'un des quatre grands championnats, à seulement 28 ans, peut logiquement poser des questions quant à un éventuel manque d'ambition, malgré une belle offre de ses dirigeants pour le retenir. Ce n'est donc pas forcément l'appel des pesos qui l'aura attiré à Monterrey.

Le joueur s'expliquera d'ailleurs sur son choix au soir de son dernier match sous le maillot olympien, le week-end dernier face à Angers (3-2), au micro de Canal + : « Le plus important était de prendre du plaisir, aller dans un club avec énormément de passion. Je suis un amoureux du football. Depuis tout petit, je joue au football. Aujourd'hui c'est devenu un métier, mais parfois il y avait les aléas extra-sportifs qui prenaient le dessus et c'était un peu compliqué à vivre. Donc le plus important pour moi, c'était de retrouver cette passion. C'est pour ça que j'ai choisi de rejoindre le Mexique. En Amérique latine, ce sont des amoureux du football. Après, au-delà de ça, c'est un choix professionnel, mais c'est aussi une expérience familiale, il y a une belle aventure humaine pour moi, ma femme et mon fils ». Il est vrai que cette saison, la Liga MX s'est jouée, contrairement à presque tous les championnats du monde en raison de la pandémie du Covid, devant des tribunes sinon remplies, au moins riches des vivats de parfois plus de 12 000 spectateurs. Et puis, est-il le seul joueur de ce standing à franchir l'Atlantique et la mer des Caraïbes pour découvrir ce qui est sans doute un des tous meilleurs championnats d'Amérique, nord et sud confondus ?

Une ligue compétitive


Au nord, les Mexicains sont les maîtres, puisqu'ils ont tout simplement remporté les quinze dernières éditions de la Ligue des Champions de la CONCACAF, que les quatre clubs les plus titrés dans la compétition sont mexicains (America 7, Cruz Azul 6, Pachuca 5 et Monterrey 4), et qu'au final les clubs aztèques ont remporté 35 des 62 éditions de la compétition, sans parler des 18 finales perdues. Les clubs de MLS, leurs principaux concurrents dans cette zone, en ont pour leur part remporté deux, la dernière en 2000 grâce aux LA Galaxy. Mais les clubs mexicains ne se sont pas contentés de battre des clubs du Nicaragua ou du Bélize, puisqu'entre 1998 et 2016, les meilleurs d'entre eux ont également brillé au sein de la prestigieuse Copa Libertadores, qui regroupe les meilleurs clubs d'Amérique du Sud. Face aux Brésiliens, Argentins ou Uruguayens, ils ont souvent atteint les tableaux finaux, sans parvenir pour autant à remporter le trophée. Mais, ils se seront arrêtés huit fois en quarts de finale, quatre fois en demi-finales, et même trois fois en finale, à savoir Cruz Azul, Chivas et les Tigres, respectivement face à Boca Juniors en 2001, Internacional en 2010 et River Plate en 2015. Tout sauf des faire-valoir, donc, sachant que ces mêmes Tigres ont échoué de justesse en finale du dernier Mondial des Clubs, face au Bayern, champion d'Europe (0-1).

De plus, la sélection mexicaine, 11e au classement FIFA et qui a atteint les huitièmes de finale des sept dernières éditions de la Coupe du Monde, a remporté trois des cinq dernières Gold Cup et atteint la quatrième place de la Coupe des Confédérations 2017, comptait dix-huit joueurs locaux et seulement cinq évoluant à l'étranger lors de la dernière liste annoncée par Gerardo Martino. C'est dire si l'ancien coach du Barça trouve régulièrement des joueurs de grande qualité en Liga MX.

D'ailleurs, est-ce si facile pour les joueurs venus d'Europe d'évoluer au sud du Rio Grande ? Si André-Pierre Gignac, auteur de 152 buts en 260 matches sous le maillot des Tigres depuis son arrivée en 2015, également en provenance de Marseille, a sans aucun doute signé la plus belle carrière d'un joueur européen au Mexique, d'autres ont connu plus de difficultés pour s'y imposer. Andy Delort, par exemple, parti à 24 ans rejoindre Gignac aux Tigres en provenance de Caen, n'avait inscrit « que » 4 buts en 14 rencontres, avant de partir l'hiver suivant à Toulouse. Il est aujourd'hui considéré comme un des tous meilleurs numéro 9 de Ligue 1, lui qui en est à 14 réalisations cette saison avec Montpellier. Il confiera à son retour être arrivé au Mexique sans réelle préparation et avoir connu une adaptation compliquée dans son nouveau pays, lui qui avait sauté le pas après un été 2016 glacial avec son entraîneur à Caen, Patrice Garande, et son directeur sportif, Xavier Gravelaine. On pourra également citer l'ancien attaquant international espagnol Luis Garcia, ancien de la Castilla et de l'Espanyol Barcelone, qui partira en 2012, à 31 ans, aux... Tigres, encore, pour qui il ne scorera que cinq fois en 28 rencontres. Ou encore Joel Campbell, l'attaquant international costaricien, qui, après avoir échoué à s'imposer à Arsenal, où il était parti à 19 ans, mais aussi lors de ses prêts à Lorient, au Betis, à Villarreal ou au Sporting Portugal, ne parvient pas à réellement s'imposer à Leon depuis son arrivée en janvier 2019 (90 matches, 7 buts). Même chose pour l'international vénézuélien et ancien Nantais, Fernando Aristiguieta, qui ne marque pas beaucoup plus à Morelia ou à Mazatlan (15 buts en 62 matches) que sur les bords de l'Erdre.

Gignac qui n'est pas le seul européen évoluant actuellement en Liga MX, puisque Vincent Janssen évolue à Monterrey depuis deux saisons maintenant, après un échec retentissant à Tottenham. L'international néerlandais (26 ans, 17 sélections, 7 buts entre 2015 et 2017) n'a pourtant signé que quatorze buts en 53 matches avec le club dirigé par Javier Aguirre, malgré un titre de champion du Mexique glané fin 2019 grâce à plusieurs buts décisifs de l'ancien d'Alkmaar lors des play-offs.

Des grands noms et des anciens de Ligue 1


Le championnat mexicain a également vu passer un autre joueur français, Jérémy Ménez, actuellement en Serie B italienne, à la Reggina, et qui aura évolué durant un an et demi au sein du club le plus titré du Mexique, l'America, entre 2018 et 2020, sans parvenir à y briller non plus, malgré une bonne première saison et un titre de champion national. Il n'avait pourtant que 30 ans à son arrivée.

Afin d’étayer les arguments de ceux qui pensent que Thauvin évoluera désormais dans un petit championnat, on pourra citer le nom d'autres anciens de Ligue 1 qui sont parvenus à rebondir au Mexique après des échecs en Ligue 1. Notamment celui de l'ancien défenseur brésilien de Marseille, Doria, qui brille dans les rangs de Santos Laguna depuis trois saisons (84 matches, 7 buts) après avoir été moqué par le Vélodrome et ignoré par Marcelo Bielsa. Ou celui de Felipe Pardo, ancien milieu offensif colombien de Braga et de l'Olympiakos et éphémère Nantais durant six mois début 2017 (13 matchs, un but), et qui depuis deux ans et demi sert le caviar à ses attaquants à Toluca, puis à Pachuca. Il y eut également l'ancien Lyonnais Marc Crosas, qui fit les beaux jours de Santos Laguna, Leones Negros et Cruz Azul pendant cinq ans au début des années 2010. Mais qui se souvient du passage de Daniel Montenegro, Fernando Cavenaghi, Emmanuel Herrera ou Carlos Bueno en Liga MX ? Les quatre attaquants sud-américains y ont connu des fortunes diverses, qui prouve que le niveau du championnat mexicain, qui a également vu passer l'actuel attaquant marseillais Dario Benedetto (49 buts entre 2013 et 2016), n'est pas à négliger.

Loin de ressembler à un championnat pour retraités dorés, comme son voisin nord-américain ou ceux du Golfe ou d'Asie, la Liga MX ressemble plutôt à un challenge pour des bons footballeurs de tout âge en quête de temps de jeu, d'un bon challenge et d'un changement de vie. Le premier n'est pas toujours atteint, contrairement aux deux autres. Pourtant, des joueurs comme Keisuke Honda (29 matches, 10 buts) ou même le grand Ronaldinho, en 2014-15 (25 matches, 8 buts) y ont réussi un passage brillant durant leurs fins de carrière. Comme quoi, Florian Thauvin, qui est loin d'être à la fin de son parcours, a les capacités pour laisser une trace au Mexique, s'il ne prend pas de haut une compétition plus exigeante qu'il n'y paraît. Pour un retour en Europe par la suite ?
tagsThauvin, Tigres, Gignac

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