Antoine Griezmann vient d'annoncer la fin de sa carrière internationale
Génération Griezmann
Un peu plus de dix ans après ses débuts internationaux, Antoine Griezmann (33 ans) vient d'annoncer la fin de sa carrière en Bleu. Retour sur une décennie enchantée, que le Macônnais aura grandement marqué de sa patte gauche.
La caution technique des Bleus
Près de deux ans après son coéquipier Raphaël Varane, Antoine Griezmann jette finalement l'éponge en Bleu. Comme l'ancien joueur du Real, il aura été l'un des seuls cadres de cette équipe de France, avec Hugo Lloris, Paul Pogba et Olivier Giroud, qui aura presque tout gagné sous les ordres de Didier Deschamps : en Coupe du Monde (victoire en 2018, finale en 2022 et quart de finale en 2014) et en championnat d'Europe (finale en 2016, demi-finale en 2024). On peut également rajouter une Nations League remportée en 2021. Cet arrêt brutal en cours de saison peut étonner, et peut inquiéter aussi, aucun joueur du même calibre et la même expérience ne pouvant immédiatement remplacer un tel talent créatif. Il n'en est pas moins un point final à l'une des plus belles carrières de l'histoire de l'équipe de France.
Les promesses du Brésil
Au moment où Griezmann débute, son avenir en Bleu est loin d'être assuré. Il ressort en effet à ce moment là d'un an de suspension de toute sélection après avoir participé à la fameuse virée nocturne effectuée juste avant un match décisif perdu en Norvège avec les Espoirs. Mais il est pourtant titularisé d'entrée par Didier Deschamps lors d'un match amical face aux Pays-Bas (2-0). Deux matchs plus tard, toujours en match de préparation à la Coupe du Monde 2014, il marque son premier but face au Paraguay après avoir remplacé Loïc Rémy (1-1). Un Mondial brésilien où le jeune attaquant de la Real Sociedad, où il était arrivé dès ses 14 ans, ne parvient pas à être décisif, malgré des matchs complets face au Honduras (3-0) et en quart de finale face à l'Allemagne (0-1), 78 minutes lors du troisième match sans enjeu contre l'Equateur (0-0) et deux entrées en jeu, contre la Suisse (5-2) et le Nigeria, en huitièmes de finale (2-0), lors duquel il provoque un but contre-son-camp de Joseph Yobo.
Un soir au Vélodrome
Son arrivée à l'Atlético Madrid le même été, ainsi que la retraite internationale de Franck Ribéry, le voit acquérir un statut de titulaire, sublimé par sa performance exceptionnelle lors de l'Euro 2016, disputé à la maison. Finaliste de la C1 face au Real quelques jours plutôt (1-1, 5-3), positionné à droite en raison de la grande forme de Dimitri Payet, qui va être le véritable homme forme des Bleus lors des matchs de poule, il débute timidement la compétition. Titulaire contre la Roumanie (2-1), Griezmann s'assoit sur le banc contre l'Albanie mais son entrée en jeu à la place de Kingsley Coman est décisive, avec un but égalisateur tardif (90e) suivi de celui de l'ailier de West Ham (96e). Titulaire par la suite, il porte son équipe à partir des huitièmes, avec son doublé contre l'Irlande (2-1), un but et deux passes décisives contre l'Islande (5-2) et surtout ses deux buts face à l'Allemagne au Vélodrome (2-0), première victoire en match officielle face au voisin allemand depuis 1958. Malheureusement, le meilleur buteur de l'épreuve (6 buts), une première dans une grande compétition depuis Michel Platini en 1984, reste muet en finale face au Portugal (0-1 a.p.). Mais son repositionnement dans l'axe derrière Olivier Giroud devient désormais la règle en Bleu, et Griezmann signera une troisième place au Ballon d'Or.
Le sommet russe...
La seconde fois qu'il finit sur la troisième marche du podium de la récompense individuelle ultime des footballeurs survient deux ans plus tard. Le buteur de l'Atlético, sur la vague après sa victoire en C3 face à Marseille (3-0), signe une très grande Coupe du Monde en Russie, se montrant impérial dans le jeu, où il évolue déjà un cran plus bas, et létal sur coups de pied arrêté. Poussif comme toute l'équipe en poule, il débute réellement son tournoi en huitièmes en ouvrant le score sur penalty lors du match mythique contre l'Argentine (4-3), un but et une passe décisive sur coup-franc contre l'Uruguay (2-0), un corner décisif en demi-finales contre la Belgique (1-0) et surtout un penalty et deux autres actions décisives en finale contre la Croatie (4-2). Champion du Monde et meilleur joueur de la finale, il ne parvient pourtant pas à devancer Luka Modric et Cristiano Ronaldo au palmarès du Ballon d'Or. Une injustice ?
… puis le déclin
Il est à nouveau finaliste en 2022 pour son dernier Mondial, après un Euro 2021 décevant où le néo Barcelonais inscrit malgré tout un but en poule contre la Hongrie (1-1) et est passeur lors de la défaite aux tirs aux buts contre la Suisse (3-3, 4-5 tab), dans l'ombre du retour en Bleu de Karim Benzema. Déjà, à ce moment-là, son statut vascille sans être remis en cause malgré tout.
Au Qatar, repositionné plus bas sur le terrain, il ne marque pas mais il impressionne par son volume de jeu et son omniprésence aux quatre coins du terrain. Il est double passeur en quart de finale contre l'Angleterre (2-1). Surtout, sa finale décevante (3-3, 2-4 tab), lors de laquelle sa sortie à la 70e coïncide avec le retour des Bleus dans le match, marque un début de la fin pour Griezmann. Celui qui a été pendant presque huit ans le premier nom couché par Deschamps sur la feuille de match, aura de plus en plus de mal à être le patron offensif d'une équipe qui sera désormais dirigée sur le terrain par Kylian Mbappé, préféré par le sélectionneur pour le capitanat.
Il signe un Euro 2024 confidentiel, à l'image de toute l'équipe de France, durant lequel il n'est pas titulaire contre la Pologne en poule (1-1) et surtout en demi-finale face à son pays d'adoption et futur vainqueur, l'Espagne (1-2). Un dernier rassemblement survient en septembre, où il ne doit sa titularisation contre l'Italie (1-3) qu'au forfait de Randall Kolo Muani, et ne joue que 12 minutes contre la Belgique (2-0). A quelques jours de l'annonce des Bleus pour le rassemblement d'octobre, sentant sans doute la fin définitive de son statut de titulaire, il annonce finalement sa retraite internationale.
Dans le top quatre ?
L'équipe de France de 58 aura eu Kopa, Ballon d'Or la même année ; Michel Platini, trois fois lauréat (83, 84, 85) aura été le grand leader de celle des années 80, et Zinedine Zidane, vainqueur en 1998 après son rôle décisif lors de la finale du Mondial, celui de sa génération. Antoine Griezmann, lui n'a pas été sacré, mais qui d'autre aura eu une telle influence dans les succès de l'équipe de France dirigée par Didier Deschamps depuis 2012 ? Malgré la concurrence de Kylian Mbappé, monstrueux lors des Coupes du Monde 2018 et 2022, le meilleur buteur de l'histoire de l'Atletico Madrid peut être considéré comme le successeur des trois grands anciens meneurs des Bleus, dont le départ aura toujours fait mal aux Bleus. Quatrième buteur (44) et meilleur passeur (32) des Bleus, il aura également signé 84 matchs consécutifs avec les Bleus entre août 2017 et novembre 2023, un record presque inatteignable. Depuis sa première sélection, il n'aura raté que six matchs sur 143, soit 4,2 %. C'est dire si son absence sera elle aussi difficile à combler.